Malgré un transfert avorté, Ochoa est resté professionnel: retour sur la première saison du Mexicain à Sclessin
- Publié le 21-08-2018 à 06h46
- Mis à jour le 21-08-2018 à 10h23
Christian Piot analyse les dernières prestations du gardien mexicain qui a su rester concentré malgré l’épisode de son transfert avorté à Naples. L’été dernier, l’arrivée à Sclessin de Guillermo Ochoa, gardien international idolâtré au Mexique, a défrayé la chronique. Au Mexique, les observateurs étaient plus que sceptiques quant à ce transfert et certains n’ont pas hésité à critiquer le choix du portier de 32 ans (33 aujourd’hui).
"J’ai choisi le Standard car c’est un grand club en Belgique. Ici, j’ai l’opportunité de jouer l’ Europa League ou la Ligue des Champions et c’est primordial pour moi. J’avais d’autres options mais le Standard va me permettre de lutter pour les premières places", se défendait-il. Avec un titre de vice-champion et une Coupe nationale (pour laquelle il n’a pas joué), Ochoa aura finalement eu raison.
À ses débuts , Ochoa, reconnu pour son agilité et ses réflexes étourdissants sur sa ligne, n’a pas vraiment convaincu. "Quand il est arrivé, je dois bien avouer que j’étais un peu inquiet", commente l’illustre portier des Rouches, Christian Piot. "J’avais peur qu’en signant au Standard, il ait perdu de sa superbe. Il ne rassurait pas tout le temps, notamment dans le trafic aérien. Mais, au fur et à mesure que la saison avançait, il s’est acclimaté pour finalement se révéler durant les playoffs 1."
En dix matches, Guillermo Ochoa aura largement contribué à la fantastique remontée du Standard avec des arrêts décisifs dans de nombreuses rencontres.
"Cela a été le déclic pour lui", poursuit Christian Piot. "Il a pris confiance et ses équipiers également. Hésitant au début, il s’est montré davantage rassurant dans le jeu aérien sans que cela ne devienne pour autant un de ses points forts. Aujourd’hui, il sort davantage et prend plus de risques dans son jeu. Cela soulage aussi une défense et instaure également un climat de confiance entre ses défenseurs et lui."
Pour l’ancien gardien international, le Mexicain a même évolué depuis le début de son aventure en Rouche. "Il lui a fallu un temps d’adaptation. Le championnat belge est bien différent de ce qu’il avait connu auparavant en Espagne ou encore en France et au Mexique. Mais ces dernières semaines, il est plus constant dans ses prestations. On pouvait penser qu’il ne se sublimait que lors des grosses affiches mais il prouve, cette saison, qu’il est présent à chaque match. Je trouve qu’il a progressé depuis qu’il est en Belgique. Aujourd’hui, Ochoa est un gardien plus complet qu’à son arrivé il y a un an."
Attentif à toutes les prestations liégeoises, Christian Piot a également apprécié l’attitude du gardien du Standard suite à l’épisode de son transfert avorté à Naples.
"Cela a tout de même dû lui faire un coup. À 33 ans, une occasion comme celle-là, c’est du pain bénit. Mais regardez Buffon, à plus de 40 ans, il est toujours au top. On peut donc espérer pour Ochoa que le train repassera. Qui sait ce qui arrivera s’il réalise une grosse saison au Standard. Pour en revenir à son attitude, elle a été d’un professionnalisme exemplaire. S’il n’était pas bien dans sa tête, il n’aurait peut-être pas repoussé la tentative de De Ridder à Lokeren, la seule de son match, alors que le score était encore vierge. Il n’a rien laissé transparaître et a continué à bosser pour servir son club. J’irais même plus loin en disant qu’Ochoa prend du galon et devient un des leaders de cette équipe."
"Il est encore meilleur lors de sa deuxième saison"
Thierry Debès, son ancien coach spécifique à Ajaccio, n’est pas étonné par le début de championnat du Mexicain.
"Ochoa a été bien meilleur lors de sa seconde saison chez nous." Thierry Debès, entraîneur des gardiens à Ajaccio n’est pas du tout étonné lorsqu’on lui parle de l’excellent début de saison d’Ochoa avec le Standard. "À Ajaccio, il avait déjà réalisé une très belle première saison, mais il a ensuite pris une autre dimension. Il avait toujours cette capacité à nous faire prendre des points, mais il est devenu un leader naturel dans l’équipe."
Sur le terrain , et en dehors, le Mexicain apportait toute son expérience grâce à son travail : "La première chose, c’est qu’il parlait un français impeccable. Ensuite c’était un modèle qui travaillait dur sous le regard admiratif des jeunes du club. Il a aussi été un rassembleur car au mercato estival, notre effectif avait beaucoup changé, tout comme une partie de l’encadrement. Il a alors un peu pris tout le monde sous son aile."
Le portier des Rouches a su, en plus de ses qualités sportives, se fondre dans le décor de l’île de Beauté, sans jamais faire jouer son statut de star dans un club de bas de classement en Ligue 1 : "Il n’était pas rare de le voir sur un marché. Il parlait simplement avec les gens de la ville. Ici on l’appelait le Mexicorse . Il n’avait jamais de demandes particulières. Il était comme tout le monde."
Déçu, Ochoa n'a rien laissé transparaître
L’attitude du Mexicain n’a pas changé d’un iota durant ce mercato estival.
Après des playoffs 1 de grande facture et une Coupe du Monde au cours de laquelle il aura de nouveau brillé (il a réalisé 25 arrêts, 2 de moins que le meilleur portier du tournoi, Thibaut Courtois) comme en 2014 au Brésil, Guillermo Ochoa a attiré les regards de plusieurs clubs européens. C’est finalement Naples qui est passé à l’action en formulant une offre qui a passablement irrité les dirigeants liégeois.
Se servant de la presse italienne mais aussi mexicaine, le président de Naples, Aurelio De Laurentiis, n’a cessé de clamer que le transfert du Mexicain était en bonne voie. Mais l’offre de prêt payant (500.000 €) avec une option d’achat non obligatoire a été balayée d’un revers de la main par Bruno Venanzi. "Guillermo Ochoa devrait se poser des questions sur les intentions de Naples en voyant ce que le club consent à débourser pour s’attacher ses services", avait même précisé Michel Preud’homme, énervé, lui aussi, que l’on ne respecte ni le club, ni son joueur.
Pendant tout ce temps, Ochoa, lui, n’a pas perdu son sang-froid. Le gardien qui est dans sa dernière année de contrat (il bénéficie d’une option pour une saison supplémentaire) n’a pas été au clash et n’y a même jamais pensé malgré la déception. Car oui, Guillermo Ochoa souhaitait rejoindre Naples cet été.
Mais dans le vestiaire, il est resté le même et n’a rien laissé transparaître. À certains moments, le Mexicain qui est souvent mystérieux, est apparu un rien plus songeur mais sans plus. Aux entraînements, le gardien a continué à se donner à 200 % et a affiché une mentalité exemplaire également visible dans chacune de ses prestations depuis le début de saison.
À Sclessin, on sent un Ochoa concentré sur sa tâche et qu’il surfe sur la vague de ses bonnes prestations en PO1 et à la Coupe du Monde. Michel Preud’homme et son staff n’auront donc pas eu à remobiliser Ochoa dont l’attitude n’a pas changé d’un iota.
"Son agent mexicain pointé du doigt"
L’épisode du transfert loupé à Naples a fait les choux gras de la presse mexicaine.
Au Mexique, la presse s’est enflammée dès la révélation des premiers contacts entre le Standard et Naples. “On y voyait enfin une opportunité pour lui de rejoindre une équipe du top européen. À Naples, il aurait pu disputer la Ligue des Champions et enfin avoir la reconnaissance qu’il mérite”, nous précise Rafael Gomez, journaliste à Record au Mexique.
“Sans manquer de respect au Standard et à la compétition belge, nous pensons, ici au Mexique, que Guillermo Ochoa a les qualités pour jouer dans un plus grand club en Europe.”
A Mexico, nombreux sont ceux qui pensent que l’agent mexicain d’Ochoa est fautif. “C’était peut-être la dernière chance pour Memo de rejoindre un grand club. Son agent est pointé du doigt car, après ses belles prestations au Brésil en 2014 et cette année en Russie, il n’a pas été capable de le placer dans un grand club”, conclut Rafael Gomez.
Un point de vue partagé par Carlos Hernandez, journaliste pour la télévision Azteca Deportes. “Toutes les télévisions et les radios du pays ne parlaient que de ça : Ochoa à Naples. Nous pensons qu’avec un autre agent, il aurait rejoint une grande formation durant sa carrière. Prenez l’exemple de Giovanni Dos Santos. Il a joué à Barcelone ou encore Tottenham alors qu’il n’avait pas forcément le talent pour évoluer dans ces clubs mais son agent a réussi à l’y placer.”